Quand on s’interroge sur l’origine de certains mots utilisés dans notre quotidien, on peut observer combien nos comportements et/ou nos attitudes sont influencés inconsciemment… par “ses commencements”.
Je me suis questionnée récemment sur les origines du nom “Patient”, utilisé dans le monde médical, car j’observe régulièrement, dans ce que l’on me raconte, une forme de “je subis” et “je n’arrive pas à répondre à une forme de maltraitante psychique et émotionnelle venant du corps médical” ou “des soignants”. Ou encore “je ne suis pas obligatoirement bien traitée émotionnellement par le corps médical, surtout si je pose des questions, mais je n’ose rien dire”.
Ce type d’observation revenant très régulièrement, je suis partie à la recherche de l’origine de l’usage du nom “Patient” car cette emprise psychique où la personne perd son pouvoir me questionne franchement. Voici, le fruit de mes recherches. C’est étonnant.
A l'origine de l'utilisation du nom "Patient"
Le “patient” est d’origine latine “patiens”, participe présent de “pati” qui signifie “endurer, souffrir”.
A la base, on utilise l’adjectif dans le langage commun. Etre patient décrit un trait de caractère.
Au 12ème siècle, l’adjectif “patient” est utilisé d’une personne “qui supporte patiemment les défauts des autres”. C’est celui ou celle qui supporte avec patience les problèmes de la vie, qui fait face sans se plaindre. Et c’est aussi utilisé pour relater la persévérance et l’obstination. On retiendra ainsi cette idée de subir les difficultés sans moufter. Il y a la notion de l’endurance et de la compassion en même temps. C’est celui ou celle qui supporte sans se plaindre.
A partir du 14ème siècle, le patient est le nom donné aux condamnés à mort. Et, c’est également au 14ème siècle, que le nom “Patient” est donné aux personnes qui consulte un médecin. Ils sont “ceux qui souffrent” et “qui subissent des examens”. C’est celui/celle qui subit.
Il est intéressant de lire, les définitions proposées au sujet de celui ou celle qui prend le costume de patient(e) :
- reçoit, endure la souffrance, les mauvais traitements sans se plaindre,
- supporte et tolère avec bienveillance les imperfections des autres,
- fait preuve de sérénité dans l’attente,
- est condamné à mort,
- est entre les mains du médecin, perd son rôle d’acteur de sa vie.
- La définition proposé” par l’OMS “Patient : personne qui reçoit des soins“.
Ainsi, par la parole, par le “verbe” le “patient” est celui à qui l‘on retire la possibilité d’être agissant. Il devient l’individu sur lequel s’exerce une action sans qu’il puisse agir. Car le patient est celui sur lequel on agit.
Changer le programme
On trouve sur différents sites des questionnements autour du “malade-sachant”, parfois appelé “actient” du fait qu’il se renseigne et qu’il pose de plus en plus de questions. Comme l’explique très bien Claude Le Pen dans son article “Patient ou personne malade?” : “Cette situation de malade-sachant est anxiogène pour le thérapeute.”
Il est également fait référence au fait que le malade peut-être informé (il prend le status de sachant) mais qu’il n’est pas “savant”. Il faut donc lui expliquer pourquoi il fait “fausse route”.
Certains articles font référence au processus “d’empowerment du patient” où il est alors mentionné l’intérêt d’impliquer le malade dans son processus de guérison car il est désormais démontré que c’est une méthode “gagnant-gagnant”.
Il serait utile de trouver un mot élégant et dynamique pour parler d’une situation de santé dégradée qui ne peut que s’améliorer grâce une bonne coopération entre soignants et soignés.
Il faut bannir de notre langage ce mot “Patient” dénué de compassion et d’implication. Et, essayer de mettre plus de sens dans nos vies, plus d’attention aux mots qui sortent de nos bouches… car ces énergies vibratoires de la parole sont créatrices d’une réalité dont nous pourrions sans doute nous alléger avec tellement de joie et de guérison.